Création/procréation. La fabrique de la femme artiste en France autour de 1900
Au passage du dix-neuvième au vingtième siècle, la dichotomie masculin-féminin qui battait son plein, et selon laquelle l’homme était dévolu à la création et la femme cantonnée à la procréation, commença à se troubler et à s’effriter. À côté de la féministe, de l’auteure et de la sportive, la femme artiste était alors devenue l’une de ces figures intermédiaires susceptibles de remettre en question, voire de renverser totalement, l’ordre établi des genres. Dans un climat extrêmement hostile à l’émancipation du féminin, elle faisait alors les frais d’un puissant discours ambiant visant à exclure la femme du champ artistique. Esquivant l’analyse connue des projections fantasmatiques féminines propres à la fin du siècle (femme fatale/femme idéale), nous nous intéresserons au cours de cette conférence, par la rencontre complice entre corpus clinique (psychopathologie) et réception populaire (caricature, littérature), aux multiples représentations de la créatrice à la fin du dix-neuvième siècle, cristallisées autour de trois archétypes : l’artiste biologisée, l’artiste masculinisée et la Pygmalionne.